Depuis 2013, pas moins de 1244 riverains des plus gros aéroports français ont été interrogés dans le cadre de l'étude épidémiologique intitulée Débats (Discussion sur les Effets du Bruit des Aéronefs Touchant la Santé). Publiés en octobre, les résultats de l'étude ne sont pas surprenants, ils confirment ceux d'études réalisées à l'étranger. Tous s'accordent à dire que l’exposition au bruit des avions en France a des effets délétères sur l’état de santé perçu, la santé psychologique, la gêne, la quantité et la qualité du sommeil et les systèmes endocrinien et cardiovasculaire. Exposition au bruit qui ne fait qu'augmenter !

Les riverains concernés par l'étude se sont entretenus avec un enquêteur à leur domicile en face-à-face en 2013 puis lors de suivis en 2015 et 2017. L'exposition au bruit des avions au domicile des participants a été estimée à partir des cartes de bruit produites par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) pour Lyon-Saint Exupéry et Toulouse-Blagnac et par Aéroports de Paris pour Paris-Charles de Gaulle. Les questions portaient sur les caractéristiques démographiques, les modes de vie, l’état de santé...
Des résultats démonstratifs !
9% des répondants ont déclaré une durée totale de sommeil inférieure à 6 heures. 30% ont rapporté un sentiment de fatigue après une nuit de sommeil habituelle, pour une augmentation de 10 dB(A) du Lnight). 34% ont été classés hypertendus pour une augmentation de 10 dB(A) du Lden et pour une augmentation de 10 dB(A) du Lnight.. 22% ont été considérés comme ayant des troubles psychologiques. 15% ont déclaré un mauvais état de santé perçu. 18% étaient fortement gênés par le bruit des avions pour une augmentation de 10 dB(A) du Lden. De plus, il ressort de l'étude que l'exposition au bruit est associée à une baisse significative de de 15% de la variation de l'hormone cortisol pour une augmentation de 10 dB(A) du Lden), ce qui peut notamment générer un stress chronique.
L'étude révèle aussi que l'exposition augmente le risque d’hypertension chez les hommes mais pas chez les femmes ! Ces résultats devraient permettre d’évaluer les bénéfices sanitaires attendus de la mise en œuvre de mesures de réduction des nuisances sonores à proximité des aéroports. Un rapport publié par l’ANSES (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) à la demande de la DGS et de la DGPR vient complèter l’étude DEBATS. Il propose une vision globale de la littérature scientifique produite sur le sujet depuis 2012 afin de combler les lacunes de connaissances. Il apparaît que des travaux complémentaires pourraient être menés pour affiner le niveau de preuve de certains effets sanitaires (effets sur le système cardiovasculaire et autres effets tels que le cancer du sein, les effets métaboliques de type obésité ou diabète, ou encore les effets sur le système respiratoire).
L’ANSES souligne que les incertitudes ne sont pas bloquantes pour prévenir dès à présent les conséquences indéniables et délétères du bruit aérien sur la santé que représentent les altérations du sommeil et la gêne.