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L'utilisation du son pour éviter les collisions

SNCF Réseau a installé un effaroucheur sonore sur une ligne ferroviaire de Bourgogne pour lutter contre les collisions entre les trains et la faune sauvage. Qu'est ce qu'un effaroucheur sonore ?

renard sur une voie ferroviaireL’effarouchement acoustique en expérimentation

Parce que des dizaines de collisions ont lieu chaque année en Bourgogne et notamment en Côte d'Or, l'expérimentation a commencé sur la ligne ferroviaire Dijon-Saint-Amour, sur laquelle la SNCF a installé le premier dispositif d’effaroucheurs sonores pour diminuer les collisions avec la faune sauvage. Sur 1,5 kilomètres, des capteurs détectent le passage des trains et leur sens de déplacement. Des balises s'activent trente secondes avant le passage du train. Les relais radio retransmettent la détection des capteurs aux balises qui sont espacées de 300 mètres le long de la zone à protéger.

Elaboré en partenariat avec la Fédération régionale des chasseurs, ce programme de tests vise à alerter les animaux par la diffusion de sons pour les pousser à s'éloigner des voies. Le bruit, adapté à la saison, permet aux animaux d'associer le déclenchement du dispositif à la notion de danger. Pour cela, il fallait sélectionner un bruit universel qui synthétise tous les bruits d'alerte des grands mammifères, sans toutefois les prostrer. L'initiative a été menée par la direction Innovation & Recherche, en partenariat avec SNCF Réseau et SNCF Voyageurs.

Si l'expérimentation aboutit à des résultats concluants, le test pourrait être étendu à d'autres régions en zone plus urbaine et en zone forestière. Puis, l’emploi du son sera peut être un jour industrialisé. Claire Chaufour, chef de projet en acoustique, précise toutefois que « selon le niveau de présence des animaux et le contexte local, et notamment la présence de riverains, il pourra alors être diffusé depuis le train ou depuis un émetteur installé sur les voies ».

Des canons effaroucheurs dans les champs

L'utilisation d'effaroucheurs est déjà bien installée dans le secteur de l'agriculture pour empêcher les oiseaux de picorer les graines durant leur période de germination. Les nuisances sonores que certains canons peuvent engendrer ont déjà été identifiés : le bruit de ces machines est considéré comme un bruit d’activités. A ce titre, l’exploitant agricole doit respecter des valeurs d'émergence pour les bruits liés à une activité professionnelle. L'exploitant risque une amende de 1500 euros (contravention de 5ème classe), et de se voir confisquer son matériel.

Quoi qu'il en soit, compte tenu de la durée d'apparition très brève des coups de canon (même si l'on cumule tous les coups sur une journée), il n'est pas certain que cette réglementation soit adaptée à ce type de nuisance sonore, très bruyante certes, mais très intermittente. Autrement dit, le critère d'émergence peut ne pas suffire à objectiver la gêne perçue. Le maire peut tenter la voie de la médiation. Dans ce cadre, diverses solutions pratiques peuvent être proposées. Voici quelques conseils pratiques en matière de canons à oiseaux à destination des exploitants :

  • utiliser des appareils d'effarouchement seulement en cas de nécessité, lorsque les oiseaux sont une réelle menace sur certaines cultures (par exemple, cette période critique peut représenter 10 jours par plan de semis, entre le semis et la levée, mais cette période varie sans doute avec le type de semis).
  • faire fonctionner les appareils seulement entre le lever et le coucher du soleil.
  • chaque fois que possible, utiliser des appareils directionnels projetant l'onde sonore à l'écart des maisons du voisinage.
  • entretenir convenablement les appareils pour éviter que le bruit continue quand les détonateurs sont à l'arrêt.
  • placer les appareils aussi loin que possible des maisons voisines.
  • réduire si possible le volume et la fréquence des dispositifs de lutte contre les oiseaux.
Par ailleurs, des arrêtés préfectoraux ont instauré des horaires d'utilisation et des distances d'éloignement par rapport aux habitations des riverains. A Angers, un arrêté préfectoral du 12 avril 2018 portant sur la lutte contre les bruits de voisinage impose à la Chambre d’agriculture d'informer le Préfet et les maires des périodes d’utilisation de ces appareils. C’est ainsi que la Chambre a retenu deux périodes pendant lesquelles ces appareils sont autorisés.

Enfin, le Code de la santé publique permet aux préfets et aux maires de prendre des dispositions complémentaires à la réglementation de portée nationale et de nombreux arrêtés préfectoraux ont instauré des horaires de fonctionnement, garantis par le couplage à des horloges ou des cellules de coupure nocturne ainsi que des espacements des tirs dans le temps ou des distances d’éloignement de ces dispositifs par rapport aux habitations des tiers.

Attention, particuliers, vous êtes aussi concernés ! Si les effaroucheurs sont installés par des particuliers dans leur jardin, ils peuvent excéder les inconvénients normaux de voisinage. Récemment, les juges ont condamné un voisin à enlever un poteau comportant des effaroucheurs sous deux mois, sous peine d'astreinte de 50 euros par jour de retard (Cour d'appel de Versailles, 1ère chambre, 1re section, 11 mars 2010, n° 08/09499).

Et les oiseaux ne sont pas les seuls qu'on effarouche ! En 2020, des dispositifs d'effarouchement sonore de l'ours brun ont été mis en place à titre expérimental dans les Pyrénées afin de prévenir les dommages des troupeaux (arrêté du 12 juin 2020 relatif à la mise en place à titre expérimental de mesures d'effarouchement de l'ours brun dans les Pyrénées pour prévenir les dommages aux troupeaux).

Une question sur le bruit ?