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Paris diffuse son atlas du bruit routier

Chaque Parisien peut désormais connaître le niveau de bruit qu’il subit du fait de la circulation routière de la capitale. Le 22 mai dernier, la mairie de Paris a en effet publié sur son site Internet un outil de représentation du bruit routier diurne. Basée sur le nombre et la vitesse des véhicules, cette carte constitue une première européenne, son originalité résidant dans sa capacité à visualiser pour chaque bâtiment de Paris l’exposition des habitants aux nuisances sonores.

Quatre ans d’avance sur la directive européenne

En novembre 2000, la préfecture de Paris a publié le classement acoustique des infrastructures terrestres, conformément aux dispositions du décret n° 95-21 du 9 janvier 1995. Les voies circulées, les voies ferrées et le métro aérien y sont classés en 5 catégories acoustiques, mais seuls les axes dont le trafic est supérieur à 5 000 véhicules par jour sont pris en compte, soit 48 % du linéaire de voirie (hors boulevard périphérique). Cependant ce classement acoustique ne permet pas de faire apparaître pour tout Paris et sur toutes les façades les conséquences sonores du trafic routier.

Afin d'améliorer la connaissance du bruit lié au trafic et de renforcer la lutte contre les nuisances sonores, la Ville de Paris a décidé de développer une « cartographie dynamique ». Deux ans de travail ont été nécessaires à l'équipe du service technique de l'écologie urbaine de la Ville de Paris, composée de cinq ingénieurs et techniciens, pour réaliser les 315 cartes qui permettent de visualiser le bruit routier moyen en journée (entre 6h00 et 22h00) sur l'ensemble de la ville, en deux et trois dimensions.

Les données de base sont le « trafic moyen journalier annualisé », fourni par la direction de la voirie et des déplacements pour les années 1999 et 2000, où sont différenciés les véhicules légers des poids lourds, leur vitesse et le type de circulation (fluide, pulsée, freinée). Puis, des récepteurs virtuellement installés sur la chaussée et sur les façades des immeubles prennent en compte le nombre et la vitesse des véhicules en circulation, la géométrie du bâti et le type de revêtements des chaussées ; la Ville a également bénéficié de l'apport de l'Institut géographique national (IGN) et du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Les données, après traitement par un logiciel de modélisation novateur, reflètent le bruit moyen perçu non seulement sur la chaussée ou le trottoir mais aussi en façades des immeubles (à 2 mètres de la façade, conformément à la norme NFS 31-130). Au final, des cartes multicolores, incluant même une représentation en trois dimensions, permettent à chaque Parisien de repérer le niveau sonore de la façade de son immeuble. La grande nouveauté par rapport aux travaux déjà existants en Europe (Birmingham, Madrid et Bruxelles) concerne donc l'exposition de la population au bruit. On peut désormais connaître, bâtiment par bâtiment, le niveau sonore d'une zone.

La modélisation atteint une précision de l’ordre du décibel. Des mesures « étalon » effectuées avec un sonomètre dans des conditions identiques ont d’ailleurs montré une faible distorsion entre les mesures expérimentales et le modèle. Par exemple, devant l'Opéra Garnier, la mesure affiche 72,4 dB, tandis que le logiciel donnait 72,2 dB. Pour mémoire, le relevé sonométrique exhaustif des 1 600 kilomètres de rues parisiennes aurait pris plus de dix ans.

Certes, les pics de bruit occasionnés par les démarrages, avertisseurs, sirènes ou livraisons n'interviennent pas dans les calculs. En outre, il faudra attendre « les prochains mois », selon l'Hôtel de Ville, pour que le logiciel soit étendu au bruit routier nocturne et aux bruits ferroviaires (SNCF, RER et métro aérien). Avec cet outil cartographique, la Ville de Paris devance de 4 ans l’échéance prévue par la directive « bruit ambiant » du 25 juin 2002, qui fixe à 2007 la date à partir de laquelle chaque agglomération européenne de plus de 250 000 habitants doit élaborer et rendre publiques des cartes du bruit des infrastructures terrestres. Paris devient ainsi la première grande ville européenne à diffuser la cartographie du bruit routier de jour.

Un outil de mesure de l’impact des décisions d’urbanisme

La nouvelle carte, en permettant une connaissance plus fine des phénomènes – on apprend, par exemple, que plus de 7% de la population parisienne subit un niveau sonore supérieur à 71 décibels –, accrédite la gravité de l’enjeu que représente l’omniprésence de l’automobile dans la capitale. La mairie voit dans cet outil un moyen de sensibiliser tous les Parisiens, automobilistes mais aussi tous les habitants, aux nuisances sonores quotidiennes.

Pour la mairie de Paris, ces documents constituent aussi un outil d'aide à la décision, grâce aux simulations qui permettent d'évaluer l’impact des nouveaux aménagements sur les niveaux sonores : couverture du boulevard périphérique, tramway, quartiers verts, espaces civilisés, zones 30, couloirs de bus, changement du revêtement routier, murs antibruit, etc. Selon Yves Contassot, adjoint (Vert) au maire de Paris, chargé de l'environnement « cette étude montre des écarts importants entre les différentes rues ; elle confirme aussi la corrélation entre la pollution atmosphérique et le bruit, dû non seulement au nombre de voitures mais aussi à leur vitesse. Lorsque l'on réduit la vitesse de 5%, on diminue le bruit de 25%. Cela nous conforte dans notre politique, notamment en encourageant le gaz plutôt que le diesel et en renforçant le contrôle sur les deux-roues ».

Voir la cartographie du bruit routier moyen à Paris

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