Skip to main content

Le bruit, cause d’infarctus et facteur de mortalité

news 1057 zefa-oreiller-dodoDeux études récentes indiquent que l’exposition au bruit de façon chronique augmenterait le risque d’infarctus. Une autre étude fait même une évaluation alarmante des effets du bruit nocturne sur la santé : 10.000 pathologies lourdes et plus de 200 morts par an pour le seul aéroport de Bruxelles-Zaventem.

LES RISQUES POUR LE CŒUR

Stefan Willich, chercheur allemand, a voulu vérifier ce que tant d’études cherchent à démontrer : l’exposition au bruit de façon chronique est une cause de stress qui augmente la pression artérielle et le taux de cholestérol et donc augmente les risques de crise cardiaque. Présentés lors du Congrès européen des cardiologues à Munich, les résultats de cette étude réalisée sur 4115 personnes entre 1998 et 2001 montrent que les femmes sont plus menacées que les hommes et que c’est à leur domicile qu’elles sont le plus exposées aux nuisances sonores qui augmentent de 50 % leur risque d’infarctus. Les hommes, eux, subissent plus de nuisances sonores sur leur lieu de travail et ont, selon l’étude, plus de possibilités que les femmes de pouvoir s’isoler de ces bruits s’ils le désirent. Leur risque d’infarctus augmenterait de 30 %. Par ailleurs, selon un rapport de l'hôpital berlinois Charité, l’exposition continue au bruit augmente le risque d'infarctus de 40%. En effet, les nuisances sonores chroniques favoriseraient la sécrétion d'hormones de stress et influenceraient négativement la pression sanguine.

LES CONSÉQUENCES SOCIO-ÉCONOMIQUES

Le Professeur Lieven Annemans (Faculté de médecine, Université de Gand, Belgique) s’est quant à lui penché sur les conséquences sur la santé des vols de nuit sur l’aéroport de Bruxelles-Zaventem et les coûts sociaux induits (pertes de productivité par absentéisme, notamment). En comparant ces conséquences selon des scénarios opposés, l’un de concentration et l’autre de répartition du bruit, il tente de comparer, dans un deuxième temps, le coût social associé respectivement aux couloirs de vol concentrés et aux couloirs répartis. Cette analyse se fait en trois étapes : évaluation de l’impact de l’exposition au bruit nocturne des survols sur la perturbation du sommeil ; évaluation de l’impact de la perturbation du sommeil sur la santé ; évaluation de l’impact de ces effets pathogènes sur l’économie. Première conclusion, la fréquence des survols serait plus déterminante pour la gène subie que le niveau sonore moyen : la probabilité que le sommeil soit troublé passe ainsi de 6,3% pour une fréquence de 3 survols en moyenne, à 42% pour 25 survols. L’auteur signale que ces valeurs sont sous-estimées car elles sont basées sur des seuils à 70 dB(A) Lmax, et le sommeil est déjà perturbé à des niveaux d’exposition inférieurs (et évidemment aussi à des niveaux supérieurs). Les valeurs corrigées passent alors à 8,3% et 51,6% respectivement. Le second point étudie l’impact causal de la perturbation du sommeil sur la santé, en se basant sur les études longitudinales sur l’alcoolisme (Johnson et al. 2001), les maladies cardiaques (Nilsson et al. 2001), le diabète (Ayas et al. 2001), la dépression (Breslau et al., 1996), et la mortalité générale (Nilsson et al. 2001). L’impact causal de la perturbation du sommeil sur la santé se traduit selon les chiffres suivants : - le risque d’alcoolisme est multiplié par 2,3 ; - le risque de maladie cardiaque est multiplié par 1,9 ; - le risque de diabète est multiplié par 1,57 ; - le risque de dépression est multiplié par 4,0 ; - le risque de mortalité serait multiplié par 1,71. En croisant ces probabilités avec les données disponibles pour différentes zones autour de Zaventem et 4 seuils de fréquence des survols de nuit, l’auteur aboutit pour 2002 à un impact impliquant 9689 personnes, ventilé comme suit :

Alcool
Cardiaques
Diabète
Dépression Mortalité
2644 758 580 5482 215

L’auteur précise que les 215 cas de mortalité concernent des cas nouveaux sur l’année, tandis que les chiffres pour les maladies concernent des prévalences. Enfin, en prenant en compte les coûts médicaux directs, la perte de productivité et les coûts non évaluables, le coût social total des vols de nuit sur l’aéroport de Zaventem serait de l’ordre de 150 millions d’euros par an. Selon l’auteur, en redistribuant de façon plus égalitaire les niveaux et fréquences du bruit des avions, une baisse d’environ 20% de la perturbation du sommeil, soit une économie de 30 millions d’euros pour la collectivité, est à attendre.

“Noise exposure and the risk of myocardial infarction“, S.N. Willich (Berlin, All.) Méthode et chiffres clés du rapport Annemans, Site de Mille Décibels

Une question sur le bruit ?