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Un Européen sur cinq exposé la nuit à des niveaux potentiellement nocifs pour la santé

L’Organisation mondiale de la santé a présenté début octobre des recommandations pour la protection de la santé contre les nuisances sonores nocturnes. Un Européen sur cinq serait régulièrement exposé, la nuit, à des niveaux sonores qui pourraient être très nocifs pour la santé.

Le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe vient de publier Night noise guidelines for Europe. Cet ouvrage fournit de nouvelles recommandations sur la limite d’exposition nocturne au bruit acceptable pour la protection de la santé. Le nouveau seuil d’exposition nocturne annuelle moyenne à ne pas dépasser est de 40 dB Lnight, soit le bruit émis dans une rue tranquille d’un quartier résidentiel. Au-delà de ce niveau d’exposition nocturne moyen, l’OMS considère qu’un individu peut subir de légers effets sur la santé, tels que troubles du sommeil et insomnie. Le rapport indique par ailleurs qu’une exposition de longue durée à des niveaux moyens excédant 55 dB Lnight, ce qui équivaut au bruit d’une rue fréquentée, peut se traduire par de l’hypertension artérielle et provoquer des crises cardiaques. Selon le document de l’OMS, un Européen sur cinq est régulièrement exposé à de tels niveaux de bruit. Trente-cinq scientifiques issus des disciplines médicale et acoustique, ainsi que des partenaires clés tels que la Commission européenne, ont participé à l’élaboration de ces recommandations. Celles-ci sont fondées sur une évaluation des bases factuelles scientifiques recueillies en Europe, au terme de six années de travail.

 

Niveau de bruit moyen en façade sur une année (Lnight)
Effets sur la santé constatés dans la population

Jusqu'à 30 dB

 

La vulnérabilité individuelle mise à part, jusqu'à ce seuil d'exposition au bruit, aucun effet biologique notoire n'est connu. Le seuil en façade de 30 dB Lnight correspond au seuil d'efficacité pour le bruit nocturne.
De 30 à 40 dB

Dans ce registre d'exposition au bruit la nuit, des effets sur le sommeil ont été observés : mouvements du corps, réveils, perturbation du sommeil déclarée, réactions d'éveil. L'intensité des effets est fonction du type de source et du nombre d'événements sonores. Les populations les plus vulnérables (par exemple, les enfants, les personnes souffrant de maladies chroniques et les personnes âgées) sont plus sensibles. Les effets semblent néanmoins modérés. Le seuil en façade de 40 dB Lnight correspond à la dose minimale de bruit nocturne entraînant un effet néfaste.

De 40 à 55 dB
Effets néfastes notoires chez les populations exposées. Dans ce registre d'exposition, la majorité de la population doit aménager ses habitudes de vie pour faire face à cette situation d'exposition au bruit. Les populations les plus vulnérables sont sévèrement affectées.
Au delà de 55 dB
Ce degré d'exposition au bruit est considéré comme nocif. Des effets néfastes sont fréquemment rencontrés, une proportion notable de la population est fortement gênée et son sommeil est perturbé. Le risque accru de contracter une maladie cardiovasculaire est avéré.

 



Dans un communiqué de l’OMS du 8 octobre 2009, le docteur Srdan Matic, chef de l’unité Maladies non transmissibles et environnement au Bureau régional de l’OMS pour l’Europe, estime que ce nouvel ouvrage de l’OMS fournit tant des données factuelles que des recommandations que les pays peuvent facilement mettre à profit pour introduire des limites sonores ciblées. Pour lui, « les pouvoirs publics peuvent désormais justifier avec plus de poids une réglementation de l’exposition au bruit nocturne, et disposent de conseils précis quant aux limites à instaurer ». Etudes récentes à l’appui, les données recueillies par l’OMS placent le bruit des avions aux premières heures du matin au premier rang des situations sonores nocives pour l’augmentation du rythme cardiaque. En termes de vulnérabilité, les enfants, qui passent plus de temps au lit que les adultes, sont davantage exposés au bruit nocturne ; de même, les études font état d’une plus grande sensibilité aux perturbations chez les personnes souffrant de maladies chroniques et les personnes âgées. Quant aux travailleurs postés, eu égard à une structure de sommeil perturbée, l’exposition au bruit nocturne leur fait aussi courir un risque accru. Le rapport de l’OMS souligne par ailleurs la situation d’inégalité sociale face à la nuisance qui veut que ce soient les personnes les moins riches, qui ne peuvent se permettre de vivre dans des zones résidentielles calmes ou d’avoir des maisons bien isolées, qui souffrent de manière disproportionnée. Pour l’OMS, les nuisances nocturnes ont une incidence directe sur l’augmentation des visites médicales et des dépenses en somnifères, ce qui affecte le budget des familles et les dépenses de santé du pays. Conclusion des auteurs : si les pouvoirs publics négligent de s’attaquer aux nuisances sonores, le fossé entre riches et pauvres se creusera certainement. Rokho Kim, gestionnaire du projet de rédaction des recommandations au Bureau régional de l’OMS pour l’Europe, met le bruit sur le même plan de risque environnemental que la pollution de l’air ou les produits chimiques toxiques. Selon lui, en ville surtout, nous sommes presque tous exposés à des doses de bruit excessives. Il déplore que ce problème soit encore considéré comme indissociable de la vie en ville, et qu’on ne l’ait pas ciblé et contrôlé autant que d’autres risques. M. Kim espère que « ces nouvelles recommandations sensibiliseront au bruit et inciteront les autorités nationales et locales à investir du temps et de l’argent pour protéger la santé de la population face à ce danger croissant, surtout dans les villes. »

Communiqué de l’OMS du 8 octobre 2009 (en français) Night noise guidelines for Europe - (Copenhagen, WHO Regional Office for Europe, 2009). Le document complet (en anglais) peut être commandé ou téléchargé à l’adresse suivante

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