Skip to main content

Mogador sous le charme de Carmen

Le 29 avril 2005, au théâtre Mogador à Paris, se tenait une soirée exceptionnelle destinée à tester in situ le système Carmen, le système de Contrôle actif de la réverbération par mur virtuel à effet naturel développé par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).

Quel système et pourquoi ?

Le 29 avril dernier, au théâtre Mogador à Paris, se tenait une soirée exceptionnelle destinée à tester in situ le système Carmen, le système de Contrôle actif de la réverbération par mur virtuel à effet naturel développé par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).

Quel système et pourquoi ?

La salle Pleyel étant indisponible pour plusieurs années en raison d’importants travaux de rénovation, il fallait trouver une nouvelle résidence pour l’orchestre de Paris. Le théâtre Mogador était un choix possible mais la salle était totalement inadaptée, sur le plan acoustique, à la musique symphonique et des travaux de réhabilitation étaient impossibles car il s’agit d’une salle classée.

Le maître d’œuvre a donc pris la décision de faire uniquement des travaux sur la scène, en élargissant le cadre de scène pour mieux positionner l’orchestre et en créant une conque démontable. Puis, après une consultation internationale, il a fait appel au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) pour mettre en place le système Carmen, choisi pour son bon rapport qualité/prix et sa bonne adaptabilité à la salle Mogador.

Mis en place en août 2002, le système est basé sur le principe du mur acoustique virtuel, c’est-à-dire que des éléments actifs sont placés sur les parois pour faire varier les conditions architecturales. Ces cellules actives, au nombre de 25 à 35 selon la taille de la salle (31 à Mogador), sont composées chacune d’un microphone, d’un haut-parleur et d’un système électronique, permettant de renvoyer les sons qui arrivent sur les parois de façon plus efficace. Il n’y a pas de prise de son sur scène mais uniquement sur les parois, lorsque le son arrive naturellement. On ne constate ainsi aucune altération des images sonores, pas de déplacement ni de distorsion et un spectateur non informé ne peut pas deviner la présence du système.

Au théâtre Mogador, les 31 cellules ont été installées sur les murs, sur les plafonds et en sous-face des balcons. Cinq réglages sont proposés à l’orchestre de Paris :
- musique de chambre, avec un Temps de réverbération (TR) de 1,6 seconde ;
- concerto baroque, avec un TR de 1,7 seconde et des réflexions latérales retravaillées et un soliste bien mis en valeur ;
- symphonie 1 (TR de 1,7 seconde) ;
- symphonie 2 ( TR de 2 secondes) ;
- oratorio (TR de 1,6 seconde).

Un article paru dans Le Monde peu après la présentation du système titrait : « Pari gagné pour le concert inaugural ». Le Figaro parlait quant à lui d’un « son clair et homogène ».

Jean-Paul Vian, responsable du secteur acoustique des salles au CSTB, qui a présenté lors de cette soirée les caractéristiques du système Carmen, a également évoqué les coûts : 250 000 à 300 000 euros par salle, ce qui, bien évidemment, n’est pas accessible pour toutes les salles. C’est pourquoi, d’ici la fin 2005, le CSTB proposera un nouveau système, baptisé Carmencita, quatre à cinq fois moins cher, qui pourra donc être installé dans des salles plus modestes, notamment les salles polyvalentes des villes de moyenne et grande importance.

Quels résultats ?

A la suite de cette présentation technique, Christian Morin, l’animateur de la soirée, a joué un même morceau à la clarinette avec et sans système Carmen. Sans le système, il a déclaré avoir eu la sensation qu’on l’empêchait d’aller plus loin, alors qu’avec le système, immédiatement il a senti que la largeur, l’ampleur s’installaient.

Ensuite, trois moments de musique très différents ont été proposés aux invités : un lieder de Schubert, un morceau de jazz (boogie-woogie) et, enfin, une symphonie de Beethoven.

Pour ce qui est du jazz, interprété par Jean-Pierre Bertrand au piano, Gilles Chevauchet à la contrebasse, Nicolas Pellier à la guitare, le système Carmen était réglé sur une acoustique ample pour apporter fluidité et souplesse. Le pianiste a témoigné spontanément de son agréable surprise à jouer avec ce système qui lui a permis de ne pas utiliser de retour sur scène et d’entendre très clairement ses partenaires.

Enfin, l’orchestre de Paris, dirigé ce soir là par l’Américain John Axelrod, a joué l’Ouverture de Léonore III dans trois configurations différentes du système : en acoustique naturelle, puis avec une acoustique moyennement développée permettant au son de pénétrer sous les balcons et, enfin, avec l’acoustique d’une véritable salle de concert. La différence, flagrante, a permis de constater au fur et à mesure l’installation d’une esthétique claire, analytique, sans le moindre flou, permettant de ne masquer aucune singularité.

Cette soirée a donc été l’occasion d’une édifiante démonstration des qualités d’un système original permettant d’améliorer l’acoustique des salles défectueuses, sans travaux, et d’apporter une acoustique naturelle, équilibrée, cohérente du point de vue spatial et temporel.

Alain Maugard, président du CSTB, s’est déclaré heureux de cette soirée qui a démontré que le monde du bâtiment savait aussi être celui du sensible, de la culture et que la recherche, contrairement à ce que l’on entend très souvent, sert à quelque chose et fait progresser la qualité de vie de nos concitoyens.Lire l’article du webzine du CSTB

Une question sur le bruit ?