Si le bruit inquiète moins les Français que d’autres problèmes environnementaux comme la pollution de l’air ou de l’eau, il n’en reste pas moins qu’il constitue une pollution très présente dans la vie quotidienne de chacun.Le bruit est la deuxième cause de décès liés à la pollution (UE, 2022). 1 personne sur 4 devrait avoir des problèmes d'audition d'ici 2050 (OMS, 2021).
À ces expositions subies s’en ajoutent d’autres, volontaires, lors des loisirs. Le cumul de toutes ces sources sonores peut avoir un impact sanitaire non négligeable. Les effets auditifs par exposition sonore excessive sont connus. Mais, au-delà de la seule sphère auditive, le bruit peut affecter l’individu et entraîner des troubles de formes très diverses. Ces effets représentent un coût social pour l’individu et la société non négligeable (147,1 milliards d'euros d'après un rapport de l'Ademe de 2021).
Les atteintes auditives dues au bruit
L’excès de bruit a des effets sur l’audition qui se traduisent par : la fatigue auditive qui est temporaire et les pertes auditives partielles ou totales qui sont irréversibles et peuvent être très handicapantes dans la vie de tous les jours.
Si la sensation de douleur se manifeste vers 120 dB (A), la fatigue auditive survient bien en dessous de ce seuil.
Notre oreille commence à souffrir sans que nous le sachions, à partir d’une exposition à 85 dB (A) pen- dant 8 heures. La fatigue auditive est une élévation temporaire des seuils d’audition, de l’ordre de 5 à 10 dB(A). Elle constitue un signal d’alarme. Il faut alors absolument prendre le temps de se reposer au calme.
L’exposition répétée à des niveaux sonores élevés détruit peu à peu les cellules ciliées de l’oreille interne et conduit à une perte auditive progressive et insidieuse.
En effet, la perte d’audition passe inaperçue au début car elle apparaît d’abord dans les fréquences aiguës peu utilisées dans la vie courante, autour de 4000 à 6000 Hz. Ce n’est que lorsqu’elle gagne progressivement les fréquences moyennes, celles de la conversation, que l’on s’en rend compte. Le besoin de faire répéter son interlocuteur, la nécessité d’augmenter le volume de la télévision, des difficultés de compréhension en groupe sont autant de signes imposant une visite chez un Oto-Rhino-Laryngologiste (ORL).
Cette surdité de perception est irréversible !
Accident acoustique
Dans les cas extrêmes, une exposition à un bruit de courte durée et d’intensité importante (détonation d’arme à feu, explosion, sifflement de type Larsen…) peut provoquer un Traumatisme Sonore Aigu (TSA) engendrant immédiatement des dommages au niveau des cellules ciliées. Les lésions sont alors permanentes provoquant une baisse de l’acuité auditive.
Des signaux d’alarme…
Des sifflements aigus, des bourdonnements dans les oreilles, appelés acouphènes sont le signe d’un traumatisme sonore. L’individu perçoit des sons alors que rien dans l’environnement ne génère ce type de bruit. Les acouphènes sont très invalidants sur le plan psychique et professionnel.
Effets non auditifs dus au bruit
Pendant longtemps, le bruit n’a été considéré qu’en tant que phénomène physique agissant sur le seul système auditif. Nous savons maintenant que cette conception est fausse. Le bruit entraîne des réactions qui mettent en jeu l’ensemble de l’organisme.
Le bruit facteur de stress
Lorsque l’organisme n’est plus en mesure de supporter la situation bruyante, le phénomène de stress apparaît. Il peut être identifié à partir des perturbations physiologiques et organiques qu’il engendre (sécrétion d’hormones : noradrénaline, adrénaline, cortisol). Il évolue en trois phases : une réaction d’alarme, une étape de résistance et un stade d’épuisement. En réponse à un bruit, l’organisme réagit comme il le ferait de façon non spécifique à toute agression physique ou psychique. Le bruit, s‘il se répète, va entraîner une multiplication des réponses de l’organisme, et peut induire, à la longue, un état de fatigue, voire un épuisement. Au-delà de cette réaction, l’organisme peut ne plus être capable de répondre de façon adaptée et voir ses systèmes de défense devenir inefficaces. L’exposition à un stress chronique est associée à des changements métaboliques qui augmentent le risque de maladie cardiovasculaire, et contribuent également à l’altération de la fonction immunitaire, au diabète, à des symptômes dépressifs et à des troubles cognitifs. On observe alors une dégradation de l’état de santé de l’individu. L’adaptation de l’individu dépend de la perception de la situation. La possibilité d’exercer un contrôle sur le bruit atténue les effets physiologiques et
comportementaux des réponses de stress. Selon le contexte, des stratégies d’ajustement peuvent être mises en place :
- l’évitement : fuir le bruit.
- la vigilance : concentration et recherche
d’information sur le bruit. - le déni : prise de distance par rapport
au bruit.
La gêne
Les effets subjectifs du bruit sont à considérer comme des événements de santé à part entière. La gêne est le principal effet subjectif évoqué. L’OMS définit la gêne « comme une sensation de désagrément, de déplaisir, provoquée par un facteur de l’environnement dont l’individu ou le groupe reconnaît ou imagine le pouvoir d’affecter la santé ».
Du point de vue physique, le niveau sonore peut être le premier critère pour définir la gêne, surtout pour des niveaux excessifs de bruit. Le caractère répétitif ou continu, la nature impulsionnelle, la période de la journée, la présence ou absence d’un autre bruit, ou encore le fait de pouvoir ou non l’interrompre, sont aussi des facteurs importants dans la sensation de gêne sonore.
Une affaire individuelle
La perception sonore en termes de gêne ou de confort. dépend aussi de facteurs individuels (le vécu, le sexe, la personnalité, l’image de la source, la sensibilité au bruit, le statut d’habitation etc.) et du contexte dans lequel le
bruit se produit (les caractéristiques de la source, le niveau d’isolation acoustique, l’activité en cours, le contrôle du bruit etc.). Par exemple, il suffit parfois de se trouver dans un moment difficile (deuil, chômage, maladie) pour que le moindre bruit nous paraisse insupportable alors qu’une personne vivant des circonstances heureuses percevra les mêmes sons comme agréables.
Le bruit, ennemi du sommeil
Occupant environ un tiers de notre vie, le sommeil soulage de la fatigue physique et mentale et participe à notre bonne santé. Il peut être interrompu par des stimulations diverses parmi lesquelles le bruit constitue
une cause majeure.
Le bruit altère la structure et la qualité du sommeil. Il peut provoquer des difficultés d’endormissement, des éveils au cours de la nuit, le raccourcissement de certains stades de sommeil et une dégradation de sa qualité par des changements de stade (du sommeil profond vers un sommeil plus léger) qui ne sont pas perçus par le dormeur.
Un impact sur notre sommeil, même sans réveil
L’intensité du bruit nécessaire pour éveiller le dormeur dépend notamment du stade du sommeil dans lequel se trouve celui-ci. Même s’il n’y a pas de perception consciente des bruits, ni de réveils de la part du dormeur, les stimulations sonores sont en permanence transmises au cerveau et analysées par celui-ci (réactions visibles sur les électrocardiogrammes et les encéphalogrammes). Plus que dans les autres stades du sommeil, la signification du bruit joue un grand rôle dans la probabilité de se réveiller en phase de sommeil paradoxal.
Les perturbations du sommeil et notamment, une forte réduction de sa durée, peuvent se traduire par une baisse de la vigilance ou une somnolence diurne dont les effets peuvent être importants en termes de capacité de travail ou de survenue d’accidents.
La dose de bruit de la veille a aussi son importance
La dose de bruit reçue au cours de la journée précédente a aussi son importance : on peut passer une mauvaise nuit, même au calme, par le seul fait d’avoir passé la journée dans un environnement bruyant.
Les recommandations de l'OMS
Pour un sommeil de bonne qualité, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande un niveau de 30 dB(A) en moyenne pendant la nuit à l’intérieur de la chambre et les niveaux de bruit excédant 45 dB(A) devraient être évités.
Les résultats des différentes études montrent qu’il n’y a pas d’habituation physiologique aux bruits répétitifs pendant la nuit, alors que les personnes pensent s’être habituées à leur environnement. Le coût le plus important de la privation de sommeil pour la santé à long terme est la réduction de la qualité de vie.
Les communications perturbées
L’exposition au bruit peut perturber les communications,
les activités (écoute de la télévision, téléphone…), mais aussi affecter les apprentissages et les performances.
La compréhension de la parole dans la vie quotidienne est influencée par plusieurs paramètres : le niveau sonore, la prononciation, la distance, les bruits interférents, l’acuité auditive, et par l’attention portée
au message.
À l’intérieur, le bruit excessif et la mauvaise qualité acoustique des locaux sont souvent responsables d’une dégradation de l’intelligibilité de la parole. Pour que les conditions d’écoute soient satisfaisantes, le niveau sonore de la voix doit être supérieur au bruit de fond de 10 à 12 dB.
L’exposition au bruit détériore la qualité des communications notamment pour les personnes vulnérables souffrant d’un déficit auditif, les personnes âgées, les enfants en cours d’apprentissage du langage et de la lecture, et les individus qui maîtrisent mal
le langage parlé.
Les apprentissages aussi !
Les études récentes montrent une baisse des performances des enfants exposés au bruit par rapport à des enfants non exposés notamment des retards dans la mémorisation, l’acquisition de la lecture et du vocabulaire dans les zones exposées aux bruits des transports.
Des niveaux sonores élevés à l’école peuvent entraîner un retard dans l’acquisition du langage (écrit et parlé). Les enfants ne possèdent pas une maîtrise grammaticale suffisante pour reconstruire une phrase
dont certains mots ont été masqués dans le bruit. De même, l’attention et la mémorisation à long terme sont altérées dans le bruit, perturbant la compréhension et l’acquisition du vocabulaire.
Par ailleurs, la fatigue excessive due au bruit est souvent source d’agressivité et d’agitation psychomotrice. La qualité des échanges et le climat social se trouvent détériorés engendrant une baisse de la participation et
de la motivation. Face au bruit, une baisse de la concentration et une démobilisation totale de l’élève peuvent, dans certains cas, participer à l’échec scolaire.
Du bruit à la cantine
À la cantine, les niveaux sonores sont parfois identiques à ceux d’un atelier industriel, il faut alors plus d’une demi-heure aux enfants pour récupérer physiquement de leur repas. Dans les cantines au confort acous-
tique approprié, les enfants mangent mieux et sont moins abattus ou énervés.
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Centres de compétence
Ministère de la Santé et de l'accès aux soins - En savoir plus
Le ministère de la Santé et de l'accès aux soins prépare et met en œuvre la politique du Gouvernement dans les domaines de la santé publique et de l’organisation du système de santé.
Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation de l'environnement et du travail - Anses - En savoir plus
L’Anses assure des missions de veille, d’expertise, de recherche et de référence sur un large champ couvrant la santé humaine, la santé et le bien-être animal ainsi que la santé végétale. Elle offre une lecture transversale des questions sanitaires en évaluant les risques et les bénéfices sanitaires, souvent au prisme des sciences humaines et sociales. Ses missions de veille, de vigilance et de surveillance permettent de nourrir l'évaluation des risques. L'Agence évalue ainsi l’ensemble des risques (chimiques, biologiques, physiques...) auxquels un individu peut être exposé, volontairement ou non, à tous les âges et moments de sa vie, qu’il s’agisse d’expositions au travail, pendant ses transports, ses loisirs, ou viason alimentation.
Haut Conseil de la santé publique - En savoir plus
Instance d’expertise placée auprès du ministre de la santé et compétente dans le domaine de la santé publique. Le HCSP a pour missions de :
- Contribuer à l’élaboration, au suivi annuel et à l’évaluation pluriannuelle de la Stratégie nationale de santé ;
- Fournir aux pouvoirs publics, en lien avec les agences sanitaires, l’expertise nécessaire à la gestion des risques sanitaires ainsi qu’à la conception et à l’évaluation des politiques et stratégies de prévention et de sécurité sanitaire ;
- Fournir aux pouvoirs publics des réflexions prospectives et des conseils sur les questions de santé publique ;
- Contribuer à l’élaboration d’une politique de santé de l’enfant globale et concertée.
Santé Publique France - En savoir plus
Santé publique France est l’agence nationale de santé publique. Créée en mai 2016 par ordonnance et décret, c’est un établissement public administratif sous tutelle du ministère chargé de la Santé. Notre mission : améliorer et protéger la santé des populations. Cette mission s'articule autour de trois axes majeurs : anticiper, comprendre et agir.
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